experts internationaux - Mauvaises pratiques

Publié le par Jean-François Devémy

je reproduis ici un article précédemment publié sur le blog d'IDEFIE, mais qui n'a pas été repris sur son nouveau site www.idefie.org, pour deux types de raison:

 

 - des raisons éditoriales d'une part - la priorité d'IDEFIE se porte aujourd'hui plus sur la réflexion stratégique que sur les aspects pratiques de la gestion et du soutien aux experts - ,

- et d'autre part, parce que les membres du bureau estimaient qu'il pouvait heurter certains de ses membres ou futurs membres - notamment les opérateurs-.

 

Je crois utile cependant de le maintenir à la disposition du public, et en particulier du public des experts. C'est le seul article du blog d'Idéfie qui avait recueilli des commentaires - tous positifs d'ailleurs - , preuve qu'il intéressait directement nombre de personnes dans le milieu des experts. Encore une fois, je le répète: tous les opérateurs ne sont pas systématiquement ds mauvais joueurs. Mais les réalités que je décris existent aussi. Une autre fois, et par souci d'équilibre, il me faudra aussi décrire les mauvaises pratiques de certains experts - car elles existent aussi - .

 

 

Mauvaises pratiques. (article du 9 juin 2009)

 

 

 

J'inaugure avec le présent article un thème qui intéresse et doit mobiliser tous les experts internationaux, et en particulier les experts français que nous entendons défendre et appuyer. Je ne prétends pas à l'exhaustivité, ni même à l'objectivité. Je n'exprime qu'un témoignage personnel, qui n'engage personne d'autre que moi et bien sûr pas l'association. Je me contente de citer quelques exemples, et j'attends les commentaires et compléments que cette introduction pourra susciter. Les exemples cités concernent essentiellement les contrats financés par la Commission européenne, les plus nombreux dans la pratique, mais les mauvaises pratiques ne sont pas limitées, hélas, à cette catégorie de cadre d'expertise internationale.


1/ avant l'appel d'offres: 

a) le travail gratuit: 

Il n'est pas rare, lorsque vous êtes sélectionné pour figurer comme "expert-clé" sur l'offre d'une compagnie ou d'un consortium ad hoc, que l'on vous demande de contribuer à la préparation de l'offre technique ( "méthodologie" en particulier) en cours de préparation. Il s'agit parfois d'un travail considérable et "mangeur de temps", qui est rarement rétribué. L'idée sous-jacente est que vous avez intérêt à contribuer au travail commun, puisque si la compagnie remporte l'appel d'offres grâce au travail que vous fournissez, vous serez directement "récompensé" par le recours rémunéré à votre expertise.  

 

 

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entre experts et opérateurs ou bailleurs de fond,                                                                                

la compétition n'est pas toujours égale.....           

Ce raisonnement a certes quelque fondement,  mais si je mets bout à bout le nombre d'heures passées depuis six ans  à travailler sur des offres qui n'ont pas eu de résultat, le total se compte non en semaines, mais en mois de travail, qui n'ont jamais été rémunérés d'une manière ou d'une autre. Il faut donc être attentif à celà. Parfois d'ailleurs, certaines compagnies proposent une compensation forfaitaire pour une participation à la rédaction d'une offre technique. A vous de voir.

b) l'engagement de disponibilité sans entente préalable sur les conditions ultérieures d'emploi.

Lorsque vous entrez en contact avec une compagnie au stade de la préparation de l'appel d'offres, que celle-ci vous ait sollicité ou que l'initiative vienne de votre part, les discussions sont libres jusqu'au moment où l'expert signe un engagement de disponibilité, qui le lie à la compagnie pour le projet donné, et l'empêche à la fois de poursuivre les discussions avec un consortium ou une compagnie  concurrente, mais aussi de participer à un autre appel d'offres tant que le résultat de celui-ci n'est pas annoncé officiellement.  Avant de signer un tel document, s'il n'est pas habituel de signer un véritable contrat écrit, il est en revanche prudent, des deux côtés, de bien s'entendre sur les conditions d'exécution de la mission potentielle en cas de succès. Au minimum, il faut s'entendre sur les conditions financières. Il arrive que l'opérateur demeure sciemment flou sur ces conditions financières, puis tente après l'annonce du succès de la proposition qui inclut votre CV de vous imposer des conditions matérielles sans commune mesure avec ce que vous souhaitiez et qu'en tout cas vous avez annoncé sans être contredit.    Il convient d'être ferme dans ce cas, et de ne pas céder: l'opérateur est en effet obligé de fournir l'expert annoncé sauf cas de force majeure.

c) le "lâchage" après signature d'un engagement de disponibilité:

Plus retors, le cas d'une compagnie qui fait signer un engagement de disponibilité à un expert, puis change d'avis et décide de ne pas présenter cet expert dans son offre. En pareil cas, l'expert n'a plus aucune possibilité de participer au dit appel d'offres, et en particulier de s'entendre avec un concurrent. C'est une maneuvre sournoise qui peut avoir pour seul but d'empêcher un très bon expert - celui dont le CV correspond parfaitement aux exigences de l'appel d'offres - mais que l'on juge trop cher, de participer à la compétition avec un concurrent.

d) les experts ou chefs de projet fictifs ou semi-fictifs

Une autre tentation - et hélas la pratique existe là-aussi - consiste à inclure dans l'offre un bon CV, mais tout en sachant que cette personne ne sera jamais réellement disponible si l'appel d'offres est emporté. Du coup, les autres experts attendent du travail et un engagement d'un expert ou d'un directeur de projet qui ne sera jamais réellement disponible et doivent pallier les insuffisances de la compagnie ou de l'expert en question.

2/ après l'appel d'offres

a) les experts ou chefs de projet fictifs ou semi-fictifs

Il arrive que les opérateurs ne sachent pas non plus, de bonne foi, que tel expert ou tel directeur de projet ne seraz pas disponible. Mais le résultat est le même: pour ceux qui travaillent réellement à l'exécution du projet, la charge est double. Surtout pour le malheureux chef de projet ("team-leader") qui doit souvent se débrouiller sur place avec la tête et le couteau...

b) la mise à l'écart d'un expert trop cher

parfois, c'est une fois que l'appel d'offres a été remporté que l'on écarte l'expert qui a permis de remporter l'appel d'offres par la qualité de son CV. Il arrive que cette mise à l'écart soit justifiée ( problèmes psychologiques ou physiques, incidents rendant toute coopération impossible sur place avec le partenaire ou le donneur d'ordres...) Mais il arrive aussi qu'il ne s'agisse que d'une manoeuvre destinée à remplacer un expert cher, qui a permis de remporter un appel d'offres, par un expert moins cher, dans le but d'augmenter les marges...

c) les délais et incidents de paiement

Certaines compagnies payent mal et tard, sous les prétextes les plus divers (un classique qui n'a aucun fondement juridique: "nous attendons le paiement par la Commission européenne avant de vous payer").



3/ après la fin du projet.

C'est un autre sujet, qui mériterait des développements spécifiques. les difficultés ne fnissent pas avec l'exécution d'un projet. Pour l'expert dont l'activité n'est pas exclusivelment consacrée à l'expertise internationale, il est parfois difficile de retrouver son poste, ou même un poste tout court, à son retour dans l'entreprise ou dans son administration. Là aussi, les exemples abondent de mauvaises pratiques de la part des employeurs publics et privés.  Mieux vaut avoir de quoi vivre de ses économies et de son jardin pendant quelque temps...


ET beaucoup d'autres cas: à vous de commenter et de compléter. Tout n'est pas systématiquement noir ou gris ,heureusement, et la plupart du temps ces mauvais comportements n'ont pas lieu. Mais il est bon d'être averti de certains des risques liés à l'expertise internationale.

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